Le fameux cours sur « les récits philosophiques de Balzac » délivré par Michel Butor est un régal d’intelligence et d’érudition « savoureuse ».
Plus qu’en professeur, c’est en écrivain et romancier que Michel Butor explore et parcourt la « cathédrale inachevée d’histoires et de mots » de Balzac, qu’il rapporte volontiers à Dante.
Comme dans la Divine Comédie, Balzac tente, à travers ses six cercles (vie privée, vie de province, vie parisienne, vie politique, vie militaire, vie de campagne), une représentation pathétique du monde en perdition que son génie prophétique lui permet de saisir et de formuler.
Son projet nous dit Michel Butor, est de donner à voir, par le biais de la fiction, à la fois le drame d’un monde qui sombre, mais aussi les perspectives salvatrices, morales et métaphysiques, qui pourraient ouvrir une nouvelle Renaissance.
Laissant libre court à l’inspiration, aux disgressions, aux liaisons, aux réverbérations littéraires et poétiques, la cinquantaine d’heures (!) du cours de Michel Butor décrypte avec une tranquille jubilation, une maîtrise exceptionnelle du sujet et une sorte de candeur poétique toute une série d’oeuvres : de Jésus-Christ en Flandre à Louis Lambert, de Verdugo à L’Elixir de longue vie, de La Peau de Chagrin à Melmoth réconcilié…
Nous plongeons avec lui dans l’archéologie de l’œuvre, dans « l’atelier mental » du génie et découvrons les filons symboliques sédimentés dans les récits du projet balzacien.
Au terme du voyage, nous réalisons à quel point Balzac est, aujourd’hui plus qu’hier, notre contemporain !
Une partie (un tiers !) de ces enregistrements fait la matière des trois volumes des « Improvisations sur Balzac ».
Michel Butor, Improvisations sur Balzac. I, Le Marchand et le génie; II, Paris à vol d’archange; III, Scènes de la vie féminine. Editions de la Différence, 1998.
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