Association "Balzac, le fantastique et la vallée du Viaur"

Mois : octobre 2021

Rencontre avec Jean-Louis Déga, le biographe de Bernard-François Balssa

Nous avons eu le plaisir, ce jeudi 14 octobre 2021, de rencontrer chez lui M. Jean Louis Déga. Nous avons pu réaliser une vidéo sur l’extraordinaire travail qu’a constitué sa recherche et la publication de la biographie du père de Balzac.

Nous avons pu longuement échanger avec lui sur ce qui a motivé son projet, sa passion de la généalogie, les grandes étapes, la consultation des archives dans la Tarn, à Toulouse, à Paris et les découvertes qui ont jalonné sa recherche…

La vidéo sera prochainement en ligne !

Maurice de Guérin, virtuel personnage balzacien ?


Maurice de Guérin est un des grands écrivains « discrets » de la littérature du XIXème siècle. Il est toujours célébré par l’Association des Amis des Guérin » dans son Tarn natal et dans le cadre du beau Château-Musée du Cayla. Même si Maurice de Guérin n’a pas connu directement Balzac, il y a des résonances…
Tous nos remerciements à Marie-Catherine Huet-Brichard, auteur d’une biographie de Maurice de Guérin, pour cet article et son soutien actif à l’Association Balzac, le fantastique et la vallée du Viaur !!

Maurice de Guérin a vingt-cinq ans quand Le Père Goriot paraît en librairie en 1835. Lut-il ce roman ? Fort probablement, lui qui retrouve à Paris, cette même année, son plus cher condisciple du collège Stanislas, Jules Barbey (pas encore d’Aurevilly), admirateur inconditionnel de Balzac. Eut-il un léger frisson, de regret ou d’excitation, en entrevoyant dans le personnage d’Eugène de Rastignac une sorte de double, mais un double trouble et légèrement déformé ?  

Tout jeune étudiant, n’a-t-il pas vécu, à dix ans près (l’action du roman se passe en 1819), dans les mêmes conditions que le personnage de Balzac ? Il est, lui aussi, l’espoir de sa famille, une famille désargentée qui appartient à la même petite noblesse rurale du Sud-ouest et qui lui confie, à lui aussi, la redoutable mission de redorer son blason. Il reçoit de même chaque année, grâce aux privations des siens, ces douze cents francs qui lui offrent à peine de quoi vivre et ne lui évitent pas ces emprunts à répétition dont il ne parviendra jamais à se libérer.

Par devoir et sans aucun enthousiasme, il a fréquenté, lui aussi, la Faculté de Droit. A-t-il endossé l’uniforme décrit par Balzac, « une vieille redingote, un mauvais gilet, la méchante cravate noire, flétrie, mal nouée de l’Étudiant, un pantalon à l’avenant et des bottes ressemelées » ? Lors de l’hiver glacial de 1829, hiver où la Seine gela, il s’est refusé à acheter un manteau.

Si Rastignac est condamné à la pension Vauquer, il a eu la chance, lui, d’habiter chez un cousin, mais il a, pendant un temps, pris ses repas à la pension Labrousse. Il s’est ainsi épuisé en des courses à pied incessantes entre rive droite (là où il logeait et se restaurait) et rive gauche, là où il était censé étudier et où il donnait, pour gagner quelques francs, des répétitions de latin et de grec.

À côté de ces tâches ingrates, il a de même recherché, mais avec timidité, les plaisirs mondains. Faisant le compte de ses sorties de l’hiver 1832, il a ainsi additionné « deux noces, plusieurs bals, une soirée musicale et dansante revenant tous les quinze jours, et quelques autres soirées et concerts semés par-ci par-là ». Quand, pour pénétrer dans la haute société, Rastignac fréquente sa cousine, la vicomtesse de Beauséant, lui s’est présenté chez une de ses parentes, la comtesse de Lamarlière : las, si cette dernière a fréquenté la Cour, elle est alors arrière-grand-mère.

Si son ambition n’est pas dévorante, il a néanmoins le désir ardent d’être reconnu comme poète. Mais il se sent faible et dépourvu de ces qualités viriles dont Balzac a doté son héros : la détermination, la volonté, la confiance en soi, la faculté à se projeter dans l’avenir. Il est trop discret, trop sensible, et sourdement miné par la mélancolie. Il s’est cherché des tuteurs, tel Lamennais, mais qui, dans son existence, pourrait jouer le rôle d’un Vautrin ? Barbey, qui l’épaule de son mieux, manque – et fort heureusement – du cynisme nécessaire. Et la baronne de Maistre, qu’il aimera et dont il sera aimé, ne sera pas pour lui une Delphine de Nuncingen.

Contre quoi finalement un destin se brise ? Contre un germe dans la poitrine. Guérin ne sera ni comte, ni ministre, ni millionnaire. Épuisé par la phtisie, il mourra entouré des siens dans le modeste château du Cayla, dans sa vingt-neuvième année.

Marie-Catherine Huet-Brichard

La biographie de Maurice de Guérin (Pierre-Guillaume de Roux, 2018), est en vente auprès des Amis des Guérin, Château de Labarthe, 81170 Labarthe-Bleys.

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