Association "Balzac, le fantastique et la vallée du Viaur"

Auteur/autrice : Hassan Aslafy

Rencontre de Yves Gagneux, Directeur de la Maison de Balzac.

Le mardi 29 Mars 2022, nous avons le plaisir de rencontrer M. Yves Gagneux. Nous avions depuis quelques temps eu des échanges très encourageants par mail et téléphone sur notre initiative de Montirat. Les échanges de ce jour ont permis d’aller plus avant dans la prise de connaissance et les avancées de notre projet. Conseils pertinents, proposition de contacts, discussions passionnantes autour de Balzac et le fantastique ont enrichi substantiellement cette rencontre !

Nous quittons Yves Gagneux avec un petit livre de textes inédits de pépites du fantastique balzacien. Prochain rendez-vous en Mai pour une vidéo !

Rencontre de Hervé Plagnol, Vice-président de la Société des Amis de Balzac.

Le vendredi 25 Mars, nous avons eu le plaisir de rencontrer Hervé Plagnol, Vice-président de la Société des Amis de Balzac. Outre le plaisir de rencontrer un administrateur de la Société dont j’ai l’honneur d’être membre – avec lequel j’avais déjà eu quelques échanges sur notre projet – c’était surtout une opportunité de partager plus avant autour de Balzac et le fantastique. C’est en effet cet aspect qui a alimenté notre échange, mais également la question des faits judiciaires à Montirat qui ont poursuivi la mémoire des Balssa et pourraient avoir hanté l’œuvre de son fils, Honoré de Balzac. Voici la conclusion de l’article « Louis Balssa : une image qui hante la Comédie Humaine », publié par Hervé Plagnol, dans « Le courrier balzacien » de Juin 2018.

Nous partageons donc un intérêt pour « les mystères de Montirat et les liens avec l’œuvre balzacienne »… qui laisse augurer de belles perspectives de collaboration !

Rencontres autour de Balzac : Château et Musée Balzac de Saché.

Echanges fructueux, ce 23 Mars 2022, avec Isabelle Lamy, Responsable du Musée Balzac, au Château de Saché. Mme Lamy a partagé des conseils pertinents sur le projet territorial, sur le nécessaire approfondissement de la scientificité de nos hypothèses, et, enfin sur les liens et influences entre Bernard-François Balssa, le terroir de la vallée du Viaur, Honoré de Balzac et son oeuvre. Elle a également identifié des ressources et des contacts qui vont faciliter notre initiative. Nous l’en remercions chaleureusement !

Vidéo de Jean-Louis Déga, biographe du père de Balzac : Bernard-François Balssa…

Nous avons le plaisir de présenter cette vidéo, réalisée chez Jean-Louis Déga, dans son bureau. Il nous présente son remarquable cheminement de recherche effectué sur une vingtaine d’années en parallèle à sa vie professionnelle.

Il nous semble important de mettre en avant son remarquable travail qui apporte un récit exhaustif de la vie de Bernard-François Balssa.

La passion de la généalogie et le goût des archives couplés à une fine connaissance du ségala tarnais, sans oublier la filiation qui le relie aux Balssa, ont permis à Jean-Louis Déga de produire une biographie remarquable, à la hauteur du destin proprement balzacien du père de Honoré de Balzac.

Rencontre avec Jean-Louis Déga, le biographe de Bernard-François Balssa

Nous avons eu le plaisir, ce jeudi 14 octobre 2021, de rencontrer chez lui M. Jean Louis Déga. Nous avons pu réaliser une vidéo sur l’extraordinaire travail qu’a constitué sa recherche et la publication de la biographie du père de Balzac.

Nous avons pu longuement échanger avec lui sur ce qui a motivé son projet, sa passion de la généalogie, les grandes étapes, la consultation des archives dans la Tarn, à Toulouse, à Paris et les découvertes qui ont jalonné sa recherche…

La vidéo sera prochainement en ligne !

Maurice de Guérin, virtuel personnage balzacien ?


Maurice de Guérin est un des grands écrivains « discrets » de la littérature du XIXème siècle. Il est toujours célébré par l’Association des Amis des Guérin » dans son Tarn natal et dans le cadre du beau Château-Musée du Cayla. Même si Maurice de Guérin n’a pas connu directement Balzac, il y a des résonances…
Tous nos remerciements à Marie-Catherine Huet-Brichard, auteur d’une biographie de Maurice de Guérin, pour cet article et son soutien actif à l’Association Balzac, le fantastique et la vallée du Viaur !!

Maurice de Guérin a vingt-cinq ans quand Le Père Goriot paraît en librairie en 1835. Lut-il ce roman ? Fort probablement, lui qui retrouve à Paris, cette même année, son plus cher condisciple du collège Stanislas, Jules Barbey (pas encore d’Aurevilly), admirateur inconditionnel de Balzac. Eut-il un léger frisson, de regret ou d’excitation, en entrevoyant dans le personnage d’Eugène de Rastignac une sorte de double, mais un double trouble et légèrement déformé ?  

Tout jeune étudiant, n’a-t-il pas vécu, à dix ans près (l’action du roman se passe en 1819), dans les mêmes conditions que le personnage de Balzac ? Il est, lui aussi, l’espoir de sa famille, une famille désargentée qui appartient à la même petite noblesse rurale du Sud-ouest et qui lui confie, à lui aussi, la redoutable mission de redorer son blason. Il reçoit de même chaque année, grâce aux privations des siens, ces douze cents francs qui lui offrent à peine de quoi vivre et ne lui évitent pas ces emprunts à répétition dont il ne parviendra jamais à se libérer.

Par devoir et sans aucun enthousiasme, il a fréquenté, lui aussi, la Faculté de Droit. A-t-il endossé l’uniforme décrit par Balzac, « une vieille redingote, un mauvais gilet, la méchante cravate noire, flétrie, mal nouée de l’Étudiant, un pantalon à l’avenant et des bottes ressemelées » ? Lors de l’hiver glacial de 1829, hiver où la Seine gela, il s’est refusé à acheter un manteau.

Si Rastignac est condamné à la pension Vauquer, il a eu la chance, lui, d’habiter chez un cousin, mais il a, pendant un temps, pris ses repas à la pension Labrousse. Il s’est ainsi épuisé en des courses à pied incessantes entre rive droite (là où il logeait et se restaurait) et rive gauche, là où il était censé étudier et où il donnait, pour gagner quelques francs, des répétitions de latin et de grec.

À côté de ces tâches ingrates, il a de même recherché, mais avec timidité, les plaisirs mondains. Faisant le compte de ses sorties de l’hiver 1832, il a ainsi additionné « deux noces, plusieurs bals, une soirée musicale et dansante revenant tous les quinze jours, et quelques autres soirées et concerts semés par-ci par-là ». Quand, pour pénétrer dans la haute société, Rastignac fréquente sa cousine, la vicomtesse de Beauséant, lui s’est présenté chez une de ses parentes, la comtesse de Lamarlière : las, si cette dernière a fréquenté la Cour, elle est alors arrière-grand-mère.

Si son ambition n’est pas dévorante, il a néanmoins le désir ardent d’être reconnu comme poète. Mais il se sent faible et dépourvu de ces qualités viriles dont Balzac a doté son héros : la détermination, la volonté, la confiance en soi, la faculté à se projeter dans l’avenir. Il est trop discret, trop sensible, et sourdement miné par la mélancolie. Il s’est cherché des tuteurs, tel Lamennais, mais qui, dans son existence, pourrait jouer le rôle d’un Vautrin ? Barbey, qui l’épaule de son mieux, manque – et fort heureusement – du cynisme nécessaire. Et la baronne de Maistre, qu’il aimera et dont il sera aimé, ne sera pas pour lui une Delphine de Nuncingen.

Contre quoi finalement un destin se brise ? Contre un germe dans la poitrine. Guérin ne sera ni comte, ni ministre, ni millionnaire. Épuisé par la phtisie, il mourra entouré des siens dans le modeste château du Cayla, dans sa vingt-neuvième année.

Marie-Catherine Huet-Brichard

La biographie de Maurice de Guérin (Pierre-Guillaume de Roux, 2018), est en vente auprès des Amis des Guérin, Château de Labarthe, 81170 Labarthe-Bleys.

Balzac et la quête de l’Absolu…

Par Marien Balastre

J’ai commencé à me plonger dans Balzac après avoir passé l’agrégation. Il fallait en effet du temps et j’avais besoin d’approfondir un domaine. Balzac était le domaine idéal car il y a de quoi faire… et ma lecture au lycée de La Peau de Chagrin m’avait marquée, quoi que je n’y compris pas grand chose à 15 ans. Balzac est un de ces auteurs qu’on peut relire et qu’on comprend de diverses manières étant donné les degrés de profondeur de ses récits, à multiples strates de lecture.

Je suis donc revenu à Balzac et je me suis posé le défi de lire toute La Comédie humaine. Je ne la terminai qu’en rédigeant ma thèse par la suite. En me plongeant dans Balzac, mon sujet de thèse a surgi de lui-même. Bien sûr, ma quête personnelle a emprunté à mes prédispositions pour la contemplation des archai, comme on dit en philosophie antique, ou chez les mystiques chrétiens, et que Balzac appelle notamment la « sphère des causes », voire la « sphère des principes ». Un ouvrage m’a particulièrement marqué, bien que je ne pusse en l’état reprendre précisément ses pistes, celui d’Henri Gauthier, L’image de l’homme intérieur. C’est un ouvrage absolument incroyable, un ovni.

Divers intérêts se combinaient pour moi en Balzac : la mystique, la philosophie, la psychologie, l’analyse sociale, le réalisme. En Balzac s’abolit la séparation esprit/corps, puisque tout y prend corps, même l’ange androgyne Séraphita (il fallait tout de même l’oser… même si l’esprit romantique soufflant à l’époque aida Honoré!).

Ce qui est caractéristique de Balzac est qu’il assume la double postulation de l’esprit transcendant et du corps matériel autant que social. Il n’annule aucun des deux, et ne tombe pas non plus dans le manichéisme (combat éternel des deux) ni le dualisme (coexistence parallèle des deux). Il affronte le Mystère, l’explique, l’illustre.

Pour parler franchement, je pense que Balzac incarne de manière parfaite, ou suprême, la synthèse du génie français. Personnellement, j’estime que la littérature française pourrait quasiment, à l’extrême, se passer de Victor Hugo, de Diderot, de Julien Gracq, de Colette, de Yourcenar… mais pas de Balzac (ni de Rabelais, ni de Molière, bien sûr).

Je voudrais rendre mes hommages à nouveau aussi à une grande dame, Arlette Michel, qui a su saisir une des clefs centrales pour aborder le secret du Mystère autour duquel tourne Balzac, à savoir la question de l’énergie.

Cette question permet de relier les personnages les plus « matérialistes » avec les plus « spiritualistes », et d’entrevoir la profonde union de toute La Comédie humaine qui est une mise en scène, un reflet de la « Divine comédie » céleste, autrement dit la création et la manifestation des Principes. C’est cette énergie, très peu contrôlable, qui meut la Comédie humaine en un immense mécanisme subtil, c’est elle qui traverse tous les personnages, les relie ou les met en tension les uns avec les autres. C’est elle qui les attire vers le terrestre comme vers le céleste, car elle s’étend d’un côté à l’autre. Mais La Comédie humaine est par essence inachevée : elle ne s’achève que par la lecture et la méditation des œuvres balzaciennes.

C’est au lecteur de finir la Comédie en jouant (misant, risquant) son interprétation, si ce n’est sa propre existence. Quoi de plus existentialiste, avant Camus et Sartre, que La Peau de Chagrin ? Dans ma thèse, je pars du concept d’Absolu, qui n’est pas encore stabilisé au sens abstrait d’aujourd’hui à l’époque de Balzac, mais qui commence à apparaître.

L’Absolu inclut le relatif, il comporte sa propre transcendance. Il est, au fond, ce « je me traverse ». Balzac n’impose pas des idées éthérées, il travaille à les incarner dans des personnages qui pourraient vivre à nos côtés, qui vivaient à côté des lecteurs du XIXe siècle, du moins. Il y a cette profonde mystique qui est à l’oeuvre dans l’énergie des personnages. D’où l’importance topique des descriptions balzaciennes : elles donnent le terreau, si essentiel, d’où émerge et par lequel s’incarne l’idée de l’Homme.

Balzac a sacrifié sa vie à son œuvre. Mais ce sacrifice est celui que vivent ces personnages pour exprimer jusqu’au bout le fond de leur énergie mystique dans le tissu du Réel. Balzac, contrairement aux autres écrivains, n’échafaude pas l’oeuvre comme un artefact mental ou esthétique, il hérite d’un Réel assumé dans son donné primaire comme dans sa transcendance vivante. Il ne séduit pas le lecteur, ni par du « romantisme » vulgaire, ni par de l’analyse cynique, ni par de l’historiette anecdotique.

Marien Balastre

Marien Balastre est agrégé et docteur en Lettres Modernes, actuellement professeur de lettres pour le CNED. Après avoir étudié la littérature médiévale arthurienne ainsi que le Don Quichotte de Cervantès autour du motif de l’enchantement, il se plonge dans le monde de Balzac. Depuis sa thèse (2013), il poursuit ses recherches en remontant aux origines grecques, platoniciennes, bibliques, chrétiennes, gnostiques et patristiques de la mystique, et de ce qu’on appelle « ésotérisme » depuis le XIXe siècle. Il étudie notamment les manuscrits et corpus originaux, grecs ainsi que coptes, de cette tradition.

Découvrir Balzac… par les chemins buissonniers de Michel Butor

Extrait Michel Butor – Cours à l’Université de Genève – Les récits philosophiques de Balzac – 1979-1980

Le fameux cours sur « les récits philosophiques de Balzac » délivré par Michel Butor est un régal d’intelligence et d’érudition « savoureuse ».

Plus qu’en professeur, c’est en écrivain et romancier que Michel Butor explore et parcourt la « cathédrale inachevée d’histoires et de mots » de Balzac, qu’il rapporte volontiers à Dante.

Comme dans la Divine Comédie, Balzac tente, à travers ses six cercles (vie privée, vie de province, vie parisienne, vie politique, vie militaire, vie de campagne), une représentation pathétique du monde en perdition que son génie prophétique lui permet de saisir et de formuler.

Son projet nous dit Michel Butor, est de donner à voir, par le biais de la fiction, à la fois le drame d’un monde qui sombre, mais aussi les perspectives salvatrices, morales et métaphysiques, qui pourraient ouvrir une nouvelle Renaissance.

Laissant libre court à l’inspiration, aux disgressions, aux liaisons, aux réverbérations littéraires et poétiques, la cinquantaine d’heures (!) du cours de Michel Butor décrypte avec une tranquille jubilation, une maîtrise exceptionnelle du sujet et une sorte de candeur poétique toute une série d’oeuvres : de Jésus-Christ en Flandre à Louis Lambert, de Verdugo à L’Elixir de longue vie, de La Peau de Chagrin à Melmoth réconcilié…

Nous plongeons avec lui dans l’archéologie de l’œuvre, dans « l’atelier mental » du génie et découvrons les filons symboliques sédimentés dans les récits du projet balzacien.

Au terme du voyage, nous réalisons à quel point Balzac est, aujourd’hui plus qu’hier, notre contemporain !

Une partie (un tiers !) de ces enregistrements fait la matière des trois volumes des « Improvisations sur Balzac ».
Michel Butor, Improvisations sur Balzac. I, Le Marchand et le génie; II, Paris à vol d’archange; III, Scènes de la vie féminine. Editions de la Différence, 1998.




La biographie de référence de Bernard François BALSSA, par Jean Louis Déga.

Nous avons eu le plaisir de faire connaissance il y a quelques mois de Jean-Louis Déga, biographe et arrière-petit neveu de Bernard-François Balssa ! Résidant non loin de Toulouse, il nous a accompagné à Montirat, pour échanger avec le petit groupe de travail sur le projet de festival Balzac.

Ce fut pour nous l’occasion d’échanger pendant le déplacement Toulouse-Montirat sur le long travail de collecte de données, d’étude d’archives, de recomposition minutieuse d’un puzzle biographique, le tout magistralement rassemblées dans un volume bien construit en 55 chapitres et 660 pages. Ce livre à la fois érudit mais accessible, dégage un portrait saisissant de Bernard-François Balssa, tout en faisant le lien entre la génération des Balssa et Honoré de Balzac.

Un des éléments frappants de cette biographie est la densité du personnage principal : le père de Balzac. Son itinéraire est impressionnant !

On apprend que Bernard François Balssa est issu d’une famille de paysans du Ségala… dont il est l’ainé des onze enfants ! En 1766, une jeune fille avec laquelle il a convolé et qui se trouve engrossé, l’assigne en justice car il refuse de l’épouser. Incarcéré à Lagarde-Viaur, il ne doit la liberté qu’au paiement d’une caution par son père qui, pour cela, doit vendre une terre. Ce scandale décide le jeune Balssa à se rendre à Albi où il devient clerc de notaire puis clerc de procureur, puis à Toulouse, puis à Paris, où il est secrétaire auprès de Bertrand de Molleville, conseiller au Parlement !

En 1795, il s’installe à Tours comme directeur des vivres et des subsistances, se mue en notable, fonde une famille (le jeune Honoré naît en 1779). Adjoint au maire en 1803, administrateur de l’hôpital, il devient franc-maçon (loge de la Parfaite Union) et œuvre dès lors pour l’amour de l’Humanité…

Nous n’irons pas plus loin dans l’évocation du personnage – nous y reviendrons – mais nous n’omettrons pas qu’il se constitua une impressionnante bibliothèque – achalandé de toutes les curiosités scientifiques et « spiritualistes » de son temps – dont on ne peut douter qu’elle fit le bonheur du jeune Honoré !

Un cosmos romanesque en expansion !

« J’aurai porté une société toute entière dans ma tête».
Balzac, lettres à Mm Hanska

Balzac était si intensément vivant qu’il transfusa son surcroît d’être dans une impressionnante galerie de personnages. Ces derniers débordent de ses livres, se ré-engendrent dans les alcôves de papier et se projettent dans nos esprits de lecteur avec une vitalité que ni le temps, ni les modes ne semblent pour voir entamer !

Les rêves d’immortalité et de longévité qui obsédaient son père Bernard-François Balssa, ardent praticien des préceptes diététiques de Luigi Cornaro (1467 ou 1464, Venise – 8 mai 1566, Padoue), et dont la bibliothèque comprenait sur ce sujet tout ce qui pouvait se trouver en son temps, son fils Honoré les a réalisé au-delà de toute espérance ! Mais par d’autres moyens que son père : par la puissance de la volonté, par le travail acharné, le génie et la littérature !

Comme il a été dit par de nombreux commentateurs, la puissance narrative de Balzac a quelque chose du démiurge créateur. Il crée des personnages qui, subrepticement, ne sont contentent plus d’être de simples prétextes où des figures types mobilisés pour illustrer la morale d’une fable romanesque.

A mesure que la trame des destins et des caractères de la Comédie Humaine se fait jour, Balzac infuse « une existence » à ces personnages, lesquels désormais vont perdurer de livres en livres et traverser pathétiquement, et dans le même désarroi de fatalité que chacun de nous, un cosmos romanesque en expansion.

Chaque fois que nous le lisons, et que nous en faisons revivre les épisodes et les personnages, nous contribuons activement à la dilatation cosmographique de l’univers balzacien. En épousant le rythme du souffle narratif, la cadence des images, les jeux terribles de l’innocence, de l’arbitraire et de la volonté, c’est la présence transsubstantiée de Balzac que nous nous incorporons.

Par cette co-présence dans l’intériorité de son lecteur, Balzac s’est peut-être offert une immortalité moins incertaine que celle des religions : celle de la littérature !

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